La réforme des retraites, on en parle, on écrit, on tracte depuis des années et la CGT, elle, y est opposée depuis le début.
Dans la perspective du mardi 7 mars, journée de grève générale intersyndicale où il importe d’obtenir une mobilisation massive pour « mettre le pays à l’arrêt » et démontrer la détermination du peuple, il nous est apparu utile de revenir en 3 brefs messages sur nos principaux points concrets d’opposition à cette réforme.
Après « UNE RÉFORME CONTRE LES FEMMES » la semaine dernière, aujourd’hui : « UNE RÉFORME INUTILE ET PUREMENT IDÉOLOGIQUE ».
Quelles que soient les sources, officielles ou indépendantes, que l’on utilise, il est en effet criant que le projet présenté n’est qu’une réforme paramétrique utilisant des arguments en trompe l’œil et qu’elle n’est qu’idéologique.
1. L’espérance de vie augmentant, travailler plus longtemps n’aura pas d’impact sur le nombre d’années passées à la retraite –
Si l’espérance de vie augmente, les Français passent moins de temps à la retraite en raison des réformes précédentes. Par exemple, la réforme Sarkozy a réduit d’un an la retraite moyenne. Elle était de 26 ans pour la génération née en 1950, elle est aujourd’hui à 24,6 pour la génération 1970 et passerait à 23,1 ans avec la retraite à 64 ans.
De plus, l’espérance de vie varie en fonction du niveau de revenus. Les travailleurs dont les conditions de vie sont les plus modestes vivent, en moyenne, 13 années de moins que les plus aisés.
Dans tous les cas, on a plus de chance de vieillir en bonne santé quand on est à la retraite plus tôt que lorsque l’on est obligé de poursuivre le travail.
2. Seul l’allongement de la durée du travail peut équilibrer financièrement le système de retraite français – FAUX !
En 2021 et 2022, les caisses de retraite étaient excédentaires respectivement de 900 millions d’euros et 3,2 milliards d’€.
Selon le Conseil d’Orientation des Retraites (COR, rattaché aux services du Premier ministre), il n’y a pas de dépenses incontrôlées. Les débours seraient globalement stables jusqu’en 2027 (entre 13,8 % à 13,9% du PIB), puis augmenteraient jusqu’en 2032 (14,2 à 14,7 % du PIB) pour se stabiliser ou diminuer à partir de 2032.
Sur le long terme (d’ici 2070), la part des dépenses de retraites dans le PIB seraient comprises entre 14,7% (ce qui est le cas aujourd’hui) et 12,1%.
Afin de faire passer son projet, le gouvernement joue désormais avec les indicateurs : un scénario noirci est désormais mis en avant grâce à une baisse des hypothèses de croissance de la productivité (1% par an, contre 1,3% depuis plusieurs années) et un taux de chômage à 7%, soit plus que les 5% prévus par le ministère du Travail lui-même.
Enfin, le COR lui-même se base sur des prévisions démographiques qualifiées d’irréalistes par le démographe Hervé Le Bras, tant leur pessimisme s’écarte de la trajectoire prévisible de la mortalité dans les années à venir.
3. Il faut repousser l’âge légal de départ à la retraite pour ne pas baisser les pensions – FAUX !
Cette mesure ne garantit pas le maintien du niveau des pensions car elle s’accompagne de l’allongement progressif de la durée de cotisation. Il faudra attendre 64 ans pour partir et cotiser plus de trimestres pour toucher une retraite à taux plein.
Par ailleurs, conjugué au recul de l’âge d’entrée sur le marché du travail et l’augmentation du nombre de carrières incomplètes, ce report pousserait de plus en plus de futurs retraités à travailler au-delà de 65 ans pour ne pas voir leur pension diminuée en raison de la décote.
Avec un peu moins de la moitié des plus de 60 ans écartés du marché du travail avant la retraite, repousser l’âge de départ, c’est augmenter le nombre de séniors actifs en invalidité, en longue maladie, au chômage et les plonger encore un peu plus dans la précarité.
4. Cette réforme serait plus juste pour les petites retraites – FAUX !
Le gouvernement affiche la promesse d’une retraite minimum à 1 200 euros brut, mais néglige de préciser que c’est pour une carrière complète. Le ministre des comptes publics, Olivier DUSSOPT, entre omission et mensonge, n’a convaincu personne la semaine dernière en sortant de son chapeau le chiffre plus que modeste de 40 000 nouveaux bénéficiaires chaque année.
Notons par ailleurs que cette somme est inférieure au minimum retraite voté en 2003, qui prévoyait déjà un plancher à 85% du SMIC mais n’a jamais été appliqué. Non seulement cela ne concernera que les futurs retraités, mais ce montant se situe à peine au-dessus du seuil de pauvreté !
UNE RÉFORME PUREMENT IDÉOLOGIQUE
Alors donc, pourquoi une telle urgence ? Pourquoi, pour reprendre les termes d’un dangereux syndicaliste révolutionnaire, Jacques ATTALI, enflammer les rapports sociaux pour une réforme qui « n’est en rien, pour personne, la priorité absolue du pays » ?
Le chef de l’État veut aller vite. Si vite qu’il fait inscrire la réforme dans le projet de loi de Finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023. Il a des gages à donner. Un système à mettre à mal.
« On a promis de faire cette réforme et on s’y est lancé parce qu’elle était apparemment la plus simple à mener. Un peu comme l’ivrogne qui cherche ses clés sous un réverbère non parce qu’il les a perdues là, mais parce que là, il y a de la lumière » ajoute le chroniqueur précité dans les Echos du 17 février dernier.
Ne soyons pas dupes, si le gouvernement ne touche pas au nom, les spécificités du système des retraites français construit en 1946 seront, elles, abandonnées.
À l’époque, l’ambition était de faire de la retraite une nouvelle étape de la vie. Avec le système de financement solidaire basé sur la cotisation, la pension retraite est intrinsèquement liée au travail : c’est un salaire différé.
Aujourd’hui, repousser l’âge légal de départ et augmenter le nombre de trimestre nécessaires pour toucher une retraite à taux plein, c’est pousser les salariés à financer eux-mêmes leur propre pension par capitalisation auprès d’acteurs privés (banques, assurances). Les moins bien lotis seront condamnés à la précarité et à la charité… comme avant la création du système à la Libération !
En parallèle, il s’agit principalement de compenser les aides publiques pour les entreprises sans aucune contrepartie. Relevons ici que ces aides publiques, 200 milliards, représentent quasiment 17 fois le déficit annoncé des retraites. Où est donc le danger pour notre système ?
POUR LA CGT, LES SOLUTIONS POUR ACCROÎTRE LES RESSOURCES DES CAISSES DE RETRAITE ET ÉQUILIBRER LE SYSTÈME SONT TRÈS SIMPLES :
– augmenter les salaires (et notamment ceux des femmes), pour accroître les ressources des caisses de retraite,
– développer l’emploi stable et qualifié,
– cesser de multiplier les exonérations de cotisations sociales.
LA CGT DÉFEND UN DROIT À UNE RETRAITE POUR TOUS LES SALARIÉS, DÈS L’ÂGE DE 60 ANS, AVEC LES MOYENS DE VIVRE DIGNEMENT.
Et si vous souhaitez contribuer aux caisses de solidarité avec les grévistes, n’hésitez pas à suivre ce lien.